Charlie Le Mindu : « J'aime surprendre »

20 décembre 2023

L’artiste capillaire, qui a carte blanche à la Samaritaine cette saison, a imaginé une série d’oeuvres où poils et cheveux sont au centre de l’attention. De son coup de foudre pour le cheveu à ses inspirations poilues en passant par les créations conçues pour la Samaritaine, Charlie Le Mindu nous dit tout, à un poil près.

Comment le cheveu, le poil en général, est-il devenu votre matériau de prédilection ?
Tout ce qui est velu, poilu, me fascine depuis toujours. Ma tante était coiffeuse, et à 11 ans je passais le balai dans son salon. Je trouvais ça beau, j’observais les réactions des clients... Le cheveu crée des émotions immenses !

Le poil ne semble pas avoir de limites dans vos créations, c’est une source inépuisable d’inspiration ?
Je ne peux pas m’en lasser, il y a tellement de matières de cheveux différentes ! Qu’il s’agisse de sculptures ou de costumes, je vais chercher tantôt un cheveu péruvien, un cheveu russe... Je connais la spécificité du cheveu de chaque pays.

Faire du poil un vecteur d’émotion reste important ?
C’est le but de mon travail ! Il faut susciter des émotions, bousculer mais sans choquer. J’aime surprendre, que ce soit fun, mais pas déranger.

Pour la Samaritaine, vous avez imaginé une œuvre colossale et évolutive. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Chaque phase correspond à l’évolution des mois jusqu’au printemps ! Tout commence par beaucoup de poils, cheveux, fibres végétales et Kanekalon à l’état brut, sauvage. Puis c’est la floraison avec un ajout de couleurs, de fleurs et d’herbes séchées, ensuite je vais venir sculpter l'œuvre, la tresser ou lui faire des crêtes. Et enfin, la moisson permettra de couper des parties à donner aux visiteurs.

Comment avez-vous imaginé l’installation « Les chevelures décoiffantes » ?
Il s’agit d’une dizaine de perruques suspendues, avec un aspect sensoriel différent. Je veux montrer tout ce qui existe comme textures, et ce qu’on peut faire techniquement. J’aime l’idée de mixer les sens, et les gens !

Au sein de la Samaritaine sera aussi installée votre « résidence » dans laquelle figure votre chambre, votre salle de bain, votre salon...
Cet endroit sera, dans mes rêves les plus fous et les plus touffus, ce à quoi pourrait ressembler chez moi ! Je m’inspire de mon travail en fonction des pays où je suis allé. Organique pour le salon, gris comme Paris pour la chambre, et pour la salle de bain, je vais puiser dans les années 1970, une ambiance plus pop.

Des danseurs vont enfin se produire dans le magasin avec vos créations pour fêter l’arrivée des beaux jours. Rassembler différents domaines artistiques vous plaît ?
La danse a toujours été très importante pour moi ! Je travaille en ce moment pour un ballet avec Alexander Ekman, et je fais une création pour Pulcinella de Stravinsky, à Monaco. À la Samaritaine, ce sont mes costumes passés qui vont prendre vie au milieu du magasin !

L’émotion parisienne de Charlie Le Mindu

Ses premiers souvenirs, son goût pour les terrasses, sa vision de la Samaritaine… L’artiste phare de cette saison décoiffante au magasin évoque sa relation avec Paris.

Quand avez-vous découvert Paris ?
J’avais 16 ans la première fois que je suis venu ici. J’ai adoré parce que c’était très gris ! J’aime l’architecture brutaliste, et même si on l’appelle la Ville Lumière, j’ai surtout retenu le gris des immeubles et de la Tour Eiffel.

Votre plus grande émotion en lien avec Paris ?À 24 ans, j’ai vécu huit mois ici, je suis tombé amoureux du milieu de la danse et j’ai commencé à travailler avec les filles du Crazy Horse. Ce que je préfère maintenant à Paris, c’est marcher et m’installer en terrasse pour regarder les gens passer.

Aujourd’hui, quels sont vos quartiers préférés ?J’adore Château Rouge, Marx Dormoy, Stalingrad, La Chapelle… Je trouve que ce sont les quartiers les plus authentiques. Ça me fait penser à New York où on trouve toutes les nationalités. J’adore ces mélanges.

Que vous évoque la Samaritaine ?
C’est la rencontre de l’ancien et du moderne ! J’aime la sélection de grandes marques, comme Balmain, et de jeunes créateurs, comme Cahu. Je trouve que ce magasin est purement parisien, c’est pourquoi j’aime y déambuler !