À 42 ans, le joueur de tennis professionnel expose à la Samaritaine, dans le cadre des « Légendes Mondiales du Sport », l’une des raquettes utilisées lors du match le plus long de l’histoire, à Wimbledon, en 2010. L’occasion d’évoquer quelques souvenirs riches en émotions.
Comment est né votre goût pour le tennis et l’idée d’en faire un métier ?
J’ai commencé à jouer au tennis parce que ma famille en faisait, c’était le rendez-vous dominical au club d’Angers, là où j’ai grandi. Petit à petit, j’ai progressé, et j’ai eu la chance d’être rapidement dans les meilleurs de ma catégorie. J’ai gravi les échelons jusqu'à 16-18 ans où je suis arrivé à Paris. Quand c’est devenu un peu sérieux, je me suis dit que j’avais le niveau pour devenir professionnel ! Même si je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire, je savais que j’avais envie de jouer au tennis tout le temps. Ma passion est devenue mon métier, je suis très chanceux.
Quelles sont les valeurs qui vous guident depuis le début de votre carrière ?
C’est très important pour moi d’être authentique. Il ne faut pas se cacher ou se mentir, et savoir se remettre en question. On peut connaître beaucoup de réussites en tant que sportif mais aussi beaucoup d’échecs. La défaite fait partie du processus pour atteindre les grands objectifs. Il faut être bien entouré, ne pas perdre de vue l’objectif final… Et être ambitieux !
Qu’est-ce qui fait un grand joueur d’après vous ?
Un grand joueur a forcément quelque chose de différent. Je me suis toujours inspiré de Federer, Nadal ou Djokovic, j’ai eu la chance de jouer à la même période qu’eux et de les observer. À chaque fois, ils ont tenté de progresser alors même qu’ils gagnaient déjà des Grand Chelem. Il s’agit d’essayer d’être toujours la meilleure version de soi-même, physiquement, mentalement, au niveau de la diététique… Ils poussent la performance à son extrême.
Votre nom reste associé au record du match le plus long, à Wimbledon en 2010, contre John Isner. 11h et 5 minutes ! Quel(s) souvenir(s) en gardez-vous ?
Sur le moment, ça a été une défaite très douloureuse. Il y avait un décalage entre ce que les gens avaient vécu en tant que fans de sport - une performance hors du temps -, et moi qui ressentais la défaite. C’était un match unique que je voulais absolument gagner pour différentes raisons. J’avais réussi à me dépasser, à débloquer certains verrous en moi, donc j’étais convaincu que j’allais le gagner. Quand j’ai perdu, ça a été difficile à accepter, d’autant plus en voyant l’euphorie qu’il y avait autour de ce match. Et puis finalement, la fierté a pris le dessus. Ça m’a énormément apporté - comment tenir sa concentration pendant plusieurs heures, dépasser ses limites - parce que c’est après ce match-là que j’ai eu les meilleurs résultats de ma carrière.
L’une des raquettes utilisée lors de ce match est exposée ici. Quel rapport avez-vous aux objets liés aux compétitions, et à celui-ci plus particulièrement ?
Je sais que ce match restera gravé dans l’histoire du tennis, j’aime pouvoir revivre ces instants à travers ces objets, en l'occurrence cette raquette. Je ne sais pas si c’est la raquette qui a joué la balle de match, mais c’est celle avec laquelle j’ai participé !
Quelles émotions remontent en la voyant ?
Ça me replonge dans le match ! Ça va faire 14 ans, mais quand j’y repense, ce ne sont pas des souvenirs qui reviennent, ce sont des émotions. Ce que j’ai ressenti sur le court avant, et après. Ce match a duré trois jours, et l’entrée sur le troisième jour est ce que j’ai ressenti de plus fort sur un terrain. Généralement, à Wimbledon, vous sortez des vestiaires et vous êtes escorté par un ou deux membres de la sécurité. Ce troisième jour, nous étions escortés par une haie d’honneur, 10 ou 12 personnes ! Quand je vois cet objet, quand je repense à ce match, c’est l’une des premières émotions qui remonte.
Quel regard portez-vous sur l’exposition « Les Légendes Mondiales du Sport » à la Samaritaine ?
Je suis un fan de sport de manière générale, et je trouve fantastique de pouvoir revivre des instants de l’histoire du sport à travers ces objets. Je suis fier d’être exposé à côté de légendes ! C’est assez unique, il n’y a pas d’autre exposition qui regroupe autant d’objets de valeur liés au sport. On rend hommage aux athlètes dans un lieu mythique.
Aujourd’hui, quel est l’uniforme qui vous ressemble le plus pour tous les jours ?
Je passe la plupart de mon temps en short et en tenue de sport ! C’est mon quotidien depuis 30 ans, et c’est sans doute ce qui me ressemble le plus. J’aime bien aussi aller dîner avec des amis et m’habiller un peu autrement, mais la tenue de sport est celle qui me représente le mieux.
La campagne de cet été à la Samaritaine célèbre les sportifs de tous les jours. De votre côté, qu'y a-t-il de plus sportif dans votre quotidien ?
Ça reste le tennis ! Et plus je vieillis, plus il faut faire attention, notamment à la récupération. Je joue moins qu’avant, mais il y a la préparation physique. Une grande partie de mes journées est consacrée à rester en forme le plus possible !
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