L’artiste a carte blanche à la Samaritaine pour les fêtes de fin d’année. Si une exposition met en valeur son humour décapant avec des plats transformés en bijoux, des accessoires de beauté détournés ou des gourmandises réinventées en objets du quotidien, elle ajoute son grain de sel à chaque espace du magasin. Entre mets, mode et humour, elle évoque ses inspirations et sa vision singulière.
Comment avez-vous découvert la photographie ?
J’étudiais pour devenir institutrice, et pour le plaisir j’ai commencé à prendre des photos. J’ai fait une série de collages, de textures que je détournais, et ça a attiré l’attention des gens sur Instagram. J’ai continué dans cette veine conceptuelle, à partir d’un objet, d’une partie du corps, d’un auto-portrait… Mon travail est ludique, espiègle, on y trouve toujours de l’humour !
Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien ?
Tout part de mes goûts, de mes préférences du moment, d’objets que j’utilise au quotidien, ou de nourriture. Je suis inspirée par les saisons : les fruits et légumes, les feuilles mortes en automne, la neige en hiver, les bourgeons au printemps… Même en voyage, c’est la végétation et les éléments autour de moi qui ont une influence directe. Parfois, des idées toutes faites arrivent comme sur un plateau, pendant mon sommeil ou sous la douche, mais ça démarre le plus souvent par un élément matériel que je veux utiliser et détourner.
Que souhaitez-vous transmettre à travers vos photographies ?
Mon intention première est la légèreté, livrer une énergie positive. Ensuite, je préfère laisser l'interprétation ouverte. Je ne veux pas donner de message ou trop en divulguer. Il y a une richesse et une beauté à entendre les interprétations des autres, ça rajoute des strates de contexte et de sens.
Quels codes des univers de la mode et de la beauté aimez-vous détourner ?
L’aspect saisonnier est présent aussi dans mon approche de la mode. J’observe les tendances, je ne les adopte pas toujours, mais je fais un travail de recherche en ligne, pour dénicher ce sur quoi les gens se retrouvent. Il y a un sentiment d’appartenance dans la mode. Je travaille par exemple beaucoup le logo des marques, c’est un thème intéressant à approcher et à détourner. J’aime beaucoup jouer aussi avec le vrai et la contrefaçon. Ce n’est ni une critique ni une approbation, c’est un constat.
La table, le repas de fête font aussi partie de vos terrains de jeux ?
La nourriture a toujours été inspirante, préparée ou brute. Les épiceries, les magasins de bonbons, les commerces de bouche… J’aime fréquenter ces endroits pour trouver des idées. Mon père créait des saynètes dans mon assiette pour me faire goûter des aliments. J’utilise ça dans mon travail aujourd’hui. Jouer avec la nourriture, ce n’est pas forcément du gaspillage ! La gourmandise est essentielle, c’est se donner le droit de s’accorder les plaisirs simples de la vie. C’est aussi une curiosité dans d’autres domaines, une soif d’apprendre.
Quels sont les éléments liés à Noël que vous aimez twister ?
Ce qui m’inspire, ce sont les bonbons peppermints, les guirlandes, le pain d’épice, les chaussettes de Noël, les emballages cadeaux, les lettres au Père Noël, le gui.. Tous ces éléments ancrés dans nos psychiques, déjà contextualisés dans la tête de tout le monde.
Pouvez-vous nous parler de vos œuvres pensées pour le grand magasin ?
Nous parlions de gourmandise, d’abondance, alors j’ai eu l’idée d’un lustre géant en bonbons ! Une pièce impressionnante, avec une répétition de petits objets, pour faire un lien entre les diamants et perles du lustre avec les bonbons de Noël. On retrouvera aussi des clins d'œil à mon univers dans les différentes animations du magasin, et quelques-unes de mes œuvres seront exposées.
Que vous évoque la Samaritaine ?
Ce que je connais du magasin fait écho à l’artisanat et au savoir-faire français : des pièces bien faites, avec une grande qualité, un raffinement. Et puis comment ne pas noter ce bâtiment, remarquable, avec une telle histoire ?
Les éléments phare de la Samaritaine revisités par Gab Bois
Le grand escalier :
« La forme naturelle de ces escaliers me rappelle celle d’un arbre de Noël ! Je recouvrirais sa façade de verdure, j’ajouterais un tronc au bas ainsi qu’une étoile à la jonction du dernier escalier et de la verrière. Et voilà un sapin de Noël gigantesque sur différents étages ! »
Le menu de Noël:
« J’aurais envie de réinventer les différents produits du menu en paillettes et strass ! Je choisirais minutieusement la forme, la taille et la couleur des strass pour rendre l’ensemble le plus réaliste possible. »
La verrière:
« Pourquoi ne pas remplacer le fer forgé par une imitation en sucre d’orge ? Ils ont une forme similaire à mon sens ! »
Le paon:
« Je verrais bien un siège en forme de paon hyper réaliste, où l’on pourrait s’asseoir au milieu de ses plumes ouvertes ! »
Exposition, au 1er étage, côté Pont-Neuf